« Guerres du Poisson » ou changement de régime dans la gouvernance des océans ? »

, par  STOLPE, Nils E.

Dans un article récent sur son blog, Nils Stolpe un journaliste américain, consultant sur les pêches, en lien avec plusieurs entreprises spécialisées dans les produits de la mer, analyse les raisons possibles de l’investissement des géants du numérique pour la protection des océans et la critique des pêches. Sans partager la totalité de ses points de vue, en particulier sa négation de la gravité des situations d’esclavage dans certains pays, son analyse mérite attention.
Nils E. Stolpe, FishNet USA
30 Septembre 2017

Les raisons pour lesquelles les magnats du pétrole (maintenant plus précisément les magnats de l’énergie) se focalisent sur la pêche - et sur la diabolisation de la pêche et des pêcheurs, - sont assez évidentes depuis qu’une coalition de pêcheurs et d’environnementalistes ont stoppé avec succès la prospection énergétique sur le Georges Bank au début des années 1980. En utilisant comme agents une poignée d’ONGE intéressées par les océans, le Pew Charitable trust et d’autres trusts « caritatifs » variés ont financé une campagne démesurément coûteuse dont la pêche nationale souffre encore de nos jours, mais cette campagne s’est révélée magnifiquement payante pour les entités qui y ont participé ou qui l’ont financée.

Cependant, l’entrée de la Fondation Lenfest de Philadelphie dans l’arène, particulièrement en considérant que le contrôle opérationnel a été délégué à Pew, a semblé mettre un éclairage différent sur la participation d’autres fondations enracinées dans le secteur des hautes technologies. Packard, Moore et Lenfest, qui travaillent toutes ensemble avec Pew et les autres pour saborder l’image publique et « révolutionner » les bases financières et sociales d’un secteur entier d’une façon apparemment coordonnée a commencé à trouver un sens. (cf http://www.savingseafood.org/opinion/nils-stolpe-on-the-consultative-group-on-biological-diversity-november-23-2009/).

Mais mon idée là-dessus avait été encore renforcée après avoir lu un article récent dans le New York Times, et voici ce que j’écrivais le 22 Février 2016 :

« Les auteurs (de l’attaque la plus récente contre la pêche commerciale comme Daniel Pauly) reconnaissent, et ceci ne sera probablement pas une surprise pour la plupart des lecteurs, « que la fondation caritative Pew, de Philadelphie, a financé "the Sea Around Us" de 1999 à 2014, période durant laquelle la majeure partie du travail de restauration des captures a été réalisée. Cependant, il semblerait que, depuis mi-2014, "The Sea Around Us" ait été principalement financé par la Fondation Familiale Paul G. Allen ». Si quelqu’un se demande pourquoi l’un des fondateurs de Microsoft pourrait être intéressé par le soutien aux recherches de Daniel Pauly, on trouve ceci dans un article du NY Times de la semaine dernière, intitulé Microsoft Sonde les Profondeurs de l’Océan pour Tester Un Centre de Données Sous-Marin : (at http://www.nytimes.com/2016/02/01/technology/microsoft-plumbs-oceans-depths-to-test-underwater-data-center.html ) :

« REDMOND, Wash. - En s’inspirant de Jules Verne, des chercheurs de Microsoft pensent que le futur des centres de données pourrait se trouver sous la mer. Microsoft a testé un prototype de centre de données auto conditionné qui peut opérer a des centaines de pieds sous la surface de l’océan, éliminant un des problèmes les plus coûteux de l’industrie technologique : la facture d’air conditionné. Les centres de données d’aujourd’hui, qui alimentent tout, depuis les vidéos en streaming aux réseaux sociaux et aux courriels, contiennent des milliers de serveurs informatiques qui génèrent beaucoup de chaleur. Quand il y a trop de chaleur, les serveurs plantent. Mettre le générateur sous l’eau froide de l’océan pourrait régler le problème. Ceci pourrait aussi répondre à la demande d’énergie du secteur du numérique qui augmente de façon exponentielle si bien que Microsoft réfléchit au couplage avec une turbine ou un système d’énergie marémotrice pour générer de l’électricité. Cette tentative, sous le nom de code Projet Natick, pourrait mener à poser sur le fond de la mer des rangées de tubes d’acier géants reliés à des câbles en fibre optique placés sur le fond de la mer. Une autre possibilité consisterait à suspendre des conteneurs en forme de bonbons à la gelée sous la surface pour capturer le courant océanique avec des turbines qui produisent de l’électricité ».

Bien sûr, ceci a besoin d’être associé avec l’engagement de Microsoft pour l’avenir du « cloud » (pour les lecteurs qui ont évité avec succès la folie geek jusqu’à maintenant, le « cloud » est simplement un grand nombre de serveurs connectés au web qui sont hébergés dans ce qu’on appelle les fermes de serveurs. Les fermes de serveurs deviennent de plus en plus chères à faire fonctionner à terre- voir l’article du NY Times dont le lien figure plus haut) et faites une recherche Google sur « l’avenir du cloud selon Microsoft » pour voir où va l’industrie technologique vis à vis du cloud.

Est-il possible que dans un futur proche nous lisions des rapports de recherche financés par des fondations de nos voisins de Colombie Britannique « qui prouveraient » que les fermes de serveurs immergées mises en place par les conservationnistes bien connus de Redmond fournissent un abri très nécessaire pour une myriade de créatures marines qui sont menacées par ces pêcheurs rapaces ? Ou que les Zones Marines Protégées sont un endroit vraiment adapté pour mettre ces serveurs immergés ?

Si vous n’avez pas totalement embrassé les merveilles high-tech fondées sur internet qui sont maintenant facilement disponibles et ce pour un prix abordable pour pratiquement chacun d’entre nous - que dites- vous du purificateur d’eau Brita qui commandera automatiquement un autre filtre avant que le vieux n’ait besoin d’être remplacé ? - la raison majeure de tout cela semble être de faire dépenser de l’argent aux gens sans qu’ils en aient vraiment conscience. En réunissant tout ça, en le rendant possible, l’informatique en nuage (« cloud computing ») est-elle en train de vous donner la possibilité de recevoir un filtre Brita et de payer grassement Amazon et Brita pour vous l’avoir délivré sans que vous soyez impliqué ?

Avec l’augmentation des applications connectées au web, rendues possibles par le web, qui ont quoi que ce soit à voir avec le web, les processeurs, les moniteurs, les alarmes, l’éclairage et qui sait quoi d’autre dans le futur, et l’augmentation de la vidéo haute définition et du streaming musical, une croissance rapide de la capacité du soi-disant nuage, qui deviendra de plus en plus encombré, est garantie. Cela signifie que l’exigence de fermes de serveurs augmentera autant – et plus ces serveurs seront près de la demande (les centres de population) plus ils seront efficaces.

Comme l’intérêt montré par Microsoft le montre clairement, les alternatives aux fermes de serveurs basées à terre à proximité des centres de population vont devenir une priorité majeure, et la seule alternative va être de les mettre dans l’océan, qui offre l’avantage supplémentaire de réduire significativement, ou peut-être d’éliminer, les coûts de refroidissement.

Ces serveurs sous-marins seront aussi compatibles avec la pêche que la fourniture d’énergie offshore ou l’industrie pétrolière le sont. Existerait-il une solution plus rationnelle à ce qui est déjà devenu un problème significatif, étant donné les centaines de milliards de dollars en banque, pour ces industries de haute technologie qui sont engagées pour l’avenir des océans, que de marginaliser les pêcheurs ?

Et ensuite, dans ce qui va certainement avec le terme rebattu « faire chauffer les presses », le 22 septembre de cette année Microsoft et Facebook ont annoncé l’achèvement d’un nouveau câble sous-marin. En citant Barry Grossman du site web « Popular Mecanics »
« Microsoft, Facebook et l’entreprise d’infrastructures de télécommunications globales Telxius ont achevé le câble sous-marin Marea, Le câble sous-marin techniquement le plus avancé du monde. Le Marea traverse l’océan Atlantique plus de 17000 pieds sous la surface de l’océan, connectant Virginia Beach avec Bilbao, en Espagne. »

Finalement, du moins pour l’instant, nous avons Google, ou maintenant Alphabet.Inc. qui est le plus connu, au moins dans les cercles intéressés par les océans, pour sa relation avec la sauveuse supposée des océans Sylvia Earle. Au moins depuis 2010, selon le contributeur de Network World, Michael Cooney, « Google veut contrôler l’énergie éolienne. »

Extrait de Mr Cooney :

« L’ossature de ce projet, connu sous le nom d’Atlantic Wind Connection (AWC) sera construite sur 350 milles dans l’océan, du New Jersey à la Virginie et pourra connecter 6000 MW d’éoliennes offshore. Cela équivaut à 60% de l’énergie éolienne qui a été installée dans le pays tout entier l’année dernière et c’est assez pour alimenter approximativement 1,9 million de foyers, selon Google.
L’ossature de l’AWC sera construite autour de hubs énergétiques qui collecteront l’énergie depuis de multiples fermes éoliennes et qui la délivreront efficacement par des câbles sous-marins vers les parties les plus puissantes et à la plus haute capacité du système de transmission basé à terre. Ce système agira comme une super autoroute pour l’énergie propre. »


Heureusement, comme l’a rapporté le site NJ.com en 2015 (http://tinyurl.com/y7ddvmur), « avec des projets d’énergie éolienne au point mort dans cette zone, celui-ci a été mis à l’écart. » Le député du New Jersey John Burzichelli a été cité dans l’article parlant du projet AWC : « La volonté de le faire au niveau fédéral semble être au point mort et notre BPU d’état est affolé et nous ne pouvons pas compter sur eux pour le mettre sur le devant de la scène... Il n’est pas mort mais sa vie ne tient qu’à un fil. »

Nous ne pouvons qu’espérer que maintenant ce fil de vie a été anéanti. Quel que soit l’intérêt d’Alphabet Inc dans l’énergie offshore, savoir s’il a aussi bien été mis fin au développement de l’énergie en eau peu profonde est une autre question.

Donc, il se passe un tas de choses dans les océans, des choses qui requièrent d’énormes investissements et des choses sur lesquelles une large part de l’économie des Etats Unis et du monde est fondée. Il est difficile de considérer une seule d’entre elles sans s’interroger sur la façon dont Microsoft, Facebook, Amazon et un panel d’autre méga (et pas si méga) multinationales ont l’intention de protéger ces investissements. Et, contrairement à ce qui se passe à terre, la sécurité est une affaire tout à fait différente lorsqu’il s’agit des eaux côtières, et la complexité et le potentiel de « différences d’opinion » et de malentendus augmente énormément offshore, dans les eaux internationales. Il est discutable que toute firme, quelle que soit sa taille, soit désireuse de s’impliquer dans la sécurisation de ses investissements à terre et offshore.

La semaine dernière Johan Bergas, directeur de la politique publique chez Paul Allen Vulcan Inc (d’après Wikipedia « Vulcan Inc. est une firme privée fondée par le philanthrope et investisseur Paul Allen. Elle a été fondée en 1986 et regroupe les différentes activités d’affaires d’Allen et ses visées philanthropiques... ») et l’amiral à la retraite et Président de l’US Naval Institute James G. Stavridis, ont publié une contribution dans le Washington Post du 14 Septembre dernier intitulée Les Guerres de la pêche arrivent". Ce texte était une justification de la militarisation de la législation sur la pêche comme une manière d’étouffer les conflits internationaux supposés inévitables apportés par les futures « guerres du poisson ».

Pour quelque raison inexplicable, les deux auteurs ont négligé de mentionner que les conflits internationaux sur les droits de pêche sont rarement de nouveaux phénomènes et que les guerres de la pêche ont eu lieu pendant des siècles. Quand ils essaient de faire des guerres du poisson la dernière menace en date pour la stabilité politique internationale, c’est à peu près aussi imprécis qu’une prévision peut l’être.

Pour ceux de nos lecteurs qui ne sont pas les plus avertis de l’histoire de la pêche, les Guerres du Cabillaud, des années 1950 aux années 1970, étaient une série de conflits entre l’Angleterre et l’Islande pour savoir qui pouvait pêcher dans les eaux Islandaises (http://britishseafishing.co.uk/the-cod-wars/).

Mais les Guerres du Cabillaud avaient des racines qui s’étendaient bien plus loin dans le temps. Au siècle dernier, « En Avril 1899 le chalutier à vapeur Caspian pêchait au large des Iles Féroé quand une canonnière danoise a tenté de l’arraisonner pour avoir pêché illégalement à l’intérieur des limites. Le chalutier a refusé de s’arrêter et s’est fait tirer dessus, d’abord avec des obus à blanc et ensuite avec de vraies munitions. Le chalutier a été finalement pris, mais avant que le patron, Charles Henry Johnson, ne quitte son bateau pour monter à bord de la canonnière danoise, il a ordonné à l’équipage de fuir précipitamment après qu’il soit monté sur le navire danois. Le Caspian s’est éloigné à pleine vitesse. La canonnière a tiré plusieurs fois sur le bateau non armé mais n’a pas pu rattraper le chalutier, qui est retourné gravement endommagé à Grimsby, en Angleterre. A bord de la canonnière danoise, le patron du Caspian a été ligoté au mât. Un tribunal à Thorshavn l’a condamné pour plusieurs infractions, notamment pour pêche illégale et tentative d’attaque, et il a été emprisonné pendant trente jours. » (Bale, B., 2010, Souvenirs de la Pêche au Lincolnshire, Countryside Books page 35.)

Un peu plus tard nous n’avons « pas de confrontation internationale contrariante qui aurait pu être mieux imaginée que le contentieux à propos de la pêche entre Terre Neuve et les Etats Unis. Alors que, superficiellement, cela semble être une simple question pour savoir si le gouvernement colonial peut empêcher les pêcheurs américains de se procurer des cargaisons de hareng sur la Côte ouest de l’Ile, elle réunit vraiment la genèse du contentieux entre la République et le Canada respectant la globalité de la pêche en Atlantique, qui s’est révélé si difficile à résoudre pendant les cinquante dernières années. Une étude approfondie du sujet montre qu’il est constitué de sérieux problèmes et de dénouements compliqués, et qu’il fourmille de cas qui ont exigé le raisonnement le plus subtil et les précautions les plus extrêmes de la part des juristes et des états. » (1906, McGrath, P.T., The Newfoundland Fishery Dispute, The North American Review, Vol. 183, No. 604.)

Et en 1911, T.W. Fulton a publié La Souveraineté de la Mer : un bilan historique des réclamations de l’Angleterre au contrôle des mers Britanniques, et de l’évolution des eaux territoriales : avec une référence spéciale aux droits de pêche et à la sécurité navale. Dans ce livre il a écrit : « Les revendications scandinaves de contrôle sur les mers sont probablement en effet les plus importantes de l’histoire. Elles ont mené à plusieurs guerres, elles ont été la cause de beaucoup de traités internationaux et d’innombrables contentieux sur la pêche, le commerce et la navigation, elles ont été les dernières à être abandonnées. Jusqu’à il y a environ un siècle, le Danemark prélevait encore une redevance sur les bateaux qui passaient le Détroit, une taxe qui, à un moment donné, était un lourd fardeau sur le commerce vers et depuis la mer Baltique. Les réclamations avancées par le Portugal et l’Espagne étaient encore plus extensives. Au XVI ème Siècle, ces Puissances, en vertu de Bulles Papales et du traité de Tordesillas, ont partagé les grands océans entre eux. L’Espagne a réclamé le droit exclusif de navigation dans la partie ouest de l’Atlantique, dans le Golfe du Mexique, et dans le Pacifique. Le Portugal a prétendu à un droit similaire dans l’Atlantique au sud du Maroc et dans l’Océan Indien. C’étaient ces prétentions absurdes au contrôle des eaux immenses du Globe qui ont causé les grandes controverses juridiques à propos du Mare Clausum et du Mare Liberum, à partir desquelles la loi internationale moderne a trouvé son origine ». https://archive.org/details/sovereigntyofsea00fultuoft.

Dans ce contexte il est difficile de comprendre comment Bergas et Stavridis ont pu écrire « que les législateurs en arrivent finalement à quelque chose que la Marine et les Garde Côtes connaissent depuis longtemps : l’escalade du conflit sur la pêche pourrait mener à une guerre mondiale du poisson. Cette semaine, dans le cadre du Pending National Defense Authorization Act, le Congrès a demandé à la marine d’aider à combattre la pêche illégale. C’est une étape importante. De plus grands efforts diplomatiques et militaires doivent suivre. En effet, l’histoire est pleine de guerres pour les ressources naturelles, y compris pour le sucre, les épices, le textile, les minerais, l’opium et le pétrole. En regardant les dynamiques actuelles, la raréfaction du poisson pourrait être le prochain catalyseur. » Ou comment ont-ils pu omettre le poisson de leur liste de « guerres pour les ressources naturelles ?

Il est facile d’imaginer un amiral retraité d’un certain pavillon s’engageant sabre au clair contre une menace perçue comme imminente sur la souveraineté des mers.
Mais pourquoi l’intérêt manifesté à ce problème par Andrus Inc., fondée et (je présume) contrôlée par un des multimilliardaires fondateurs de Microsoft ? Et pourquoi l’intérêt pour d’autres questions relatives à l’océan et à la pêche par d’autres étoiles du firmament High Tech est-il si grand ?

(Ce n’est peut-être pas anodin, mais le Washington Post est la propriété de Jeff Bezos d’Amazon. Amazon et Microsoft sont deux des plus grands fournisseurs de services en « cloud ».)

Bergas et Stavridis terminent ainsi : « Cette semaine, dans le cadre du National Defense Authorization Act en cours de discussion, le Congrès a demandé à la Marine d’aider à combattre la pêche illégale. C’est une étape importante. Des efforts militaires et diplomatiques plus grands doivent suivre. » Mais ils ne qualifient pas leur « pêche illégale ». La plupart des lecteurs vont automatiquement présumer qu’ils font référence à la pêche illégale qui se passe supposément en haute mer, dans les eaux internationales et hors d’atteinte de nos Garde Côtes - probablement avec une focalisation sur la Chine. Mais est-ce nécessairement le cas ? « La pêche illégale » concerne aussi une famille qui prend des clams le Dimanche, un pêcheur à la ligne récréatif qui prend un bar rayé un demi centimètre trop court ou trop long, un pêcheur commercial qui transite - sans y pêcher- dans une zone particulière avec le mauvais filet à bord et sûrement d’innombrables façons auxquelles les gens ont recours pour prendre ou tenter de prendre du poisson. Quelles sont les autres bizarreries qu’il inclura, comme tout bateau de pêche qui s’approchera trop d’éoliennes offshore ou qui menacera des câbles sous-marins dans un futur pas très lointain ? Ci-dessous se trouve une « carte des câbles sous-marins dans le monde » tirée de l’article de Bob Dorman : Comment fonctionne internet : la fibre sous-marine, les cerveaux dans des bocaux, et des câbles coaxiaux, sur le site web ARS Technica en Mai de l’année dernière - disponible sur https://tinyurl.com/kth7g24. Une image en plus haute définition est disponible dans l’article accessible par ce lien).

Évidemment beaucoup de ces câbles (et les générateurs éoliens et les fermes de serveurs sous-marines en projet) sont ou vont être là où les pêcheurs pêchent. Il est évident qu’une grande part de la pêche mondiale se passe dans les zones adjacentes à celles où vit la plus grande partie de la population mondiale– en particulier les membres de la population mondiale qui peuvent acheter les protéines venues de la mer qui sont relativement chères. Il est également évident que la plupart de ces câbles internet et autres barrières contre la pêche seront à des endroits où se trouvent des concentrations de personnes qui peuvent se payer, et qui en fait exigent, un accès aux télécommunications dans les règles de l’art et à l’électricité dont il dépend. Et pour les avoir, certaines de ces infrastructures vont devoir être situées dans des zones relativement peu profondes - là où vivent la plupart des poissons et des coquillages du monde. Et là où la plupart des pêcheurs pêchent.
Si vous ne voyez aucun problème se développer ici, je vous renvoie au Comité International de la Pêche et de la Protection des Câbles Sous-Marins- Travailler Ensemble (ICPC) qui peut être téléchargé via les publications de l’ICPC à https://www.iscpc.org/publications/.

Comme les vaines tentatives visant à attirer l’attention du monde sur le prétendu esclavage [1] lié aux produits de la mer il y a quelques années, pleines de « bruits et de fureurs », mais qui ne signifiaient au final pas grand chose, ceci fait entièrement partie de ce qui semble être une campagne bien coordonnée et financée avec une efficacité effrayante pour marginaliser encore plus les pêcheurs, qui semblent croire qu’ils ont besoin de pêcher là où sont les poissons, et non là où les exploiteurs de premier plan de l’océan veulent qu’ils pêchent.

Donc les géants des multinationales technologiques riches à milliards de dollars ont collectivement investi des milliards dans ce qui, au moins vu de dehors, fait penser que leur prochaine frontière n’est pas l’espace de Gene Rodenberry, mais ces eaux proches du rivage qui ont fait vivre les pêcheurs du monde, et une grande partie de la population mondiale, pendant pas mal de temps. Tout ce qui se trame nous fait nous demander qui va posséder - ou contrôler les océans, et si la pêche va rester possible, ou légale, dans les années à venir.
...


Traduction
Maximilien Gilles

[1Il est difficile de considérer que l’esclavage dans la pêche n’existe pas, il est au contraire très développé sur de nombreux bateaux, notamment asiatiques (Note de l’éditeur), nous y reviendrons.

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