Le Festival a été créé en 2008 par le Collectif Pêche & Développement, avant de devenir une association indépendante en 2009. Nous voulions répondre au déferlement de films catastrophe sur la pêche sans que les premiers intéressés puissent être entendus. Ainsi le beau film d’H. Sauper « Le Cauchemar de Darwin » n’avait même pas été vu par les communautés du Lac Victoria. Nous leur avons transmis le film et ils ont pu réagir, nous avons ensuite invité une représentante pour une tournée en Bretagne. Il s’agissait pour nous, sans nier les graves problèmes des ressources, de recentrer le débat et les images sur la dimension humaine de la pêche, dernière activité humaine totalement dépendante du milieu naturel et de sa productivité. On constate aujourd’hui que dans bien des pays l’avenir de la pêche dépend d’abord de la capacité à disposer de pêcheurs et pas seulement des ressources. Pour cela, on a de plus en plus recours à des pêcheurs migrants, souvent surexploités, comme les ressources. Il faut maintenir un lien entre les territoires marins, leurs ressources vivantes et les communautés côtières, ce qui passe aussi par la reconnaissance des droits d’usages collectifs des pêcheurs, indigènes de la mer, de leurs savoirs, de leur capacité de gestion avec un accompagnement scientifique. Cela passe aussi par un imaginaire qui permette de maintenir l’attractivité de la pêche auprès des jeunes souvent coupés du rapport avec les réalités du monde marin.
Le projet du festival été porté dès le début par des pêcheurs (Alain Jégou, le comité des pêches de Lorient) et des réalisateurs à l’écoute des marins. Une petite équipe de bénévoles fidèles et une salariée à temps partiel ont assuré chaque année la réussite des projections et des rencontres qui ont permis de faire découvrir des documentaires de grande qualité. Le festival a acquis une belle reconnaissance internationale, jusqu’à la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture). Les collectivités ont assuré fidèlement les modestes financements nécessaires complétés par les soutiens privés majoritairement issus du monde de la pêche.
Il reste maintenant à pérenniser ce festival, unique au monde, qui reste fragile malgré la reconnaissance des professionnels de la pêche et du cinéma. On sait la fragilité des financements publics et privés, la difficulté de renouveler les bénévoles ; une chose est certaine, le développement d’une production de films de qualité centrés sur la mer et la vie des pêcheurs. Elle est indispensable, car le risque est grand de voir disparaître un métier si la révolution bleue en cours marginalise les pêcheurs et si l’imaginaire des jeunes générations se construit sur l’idée d’un monde marin sans pêche. C’est aussi pour cela que ce festival associe étroitement la jeunesse.