Journée Mondiale pour la Fin de la Pêche du 24 mars 2018

, par  HUSSENOT DESENONGES, Gérald

Comme tous les parisiens ont eu le loisir de l’observer sur les quais du métro à la mi mars 2018, des affiches prônant la fin de pêche, au nom du bien être animal, ont été apposées.

Objet de la journée

« La Journée Mondiale pour la Fin de la Pêche demande l’abolition de la pêche et des élevages aquacoles, et concerne les poissons, les crustacés et les céphalopodes »
Arguments
« La pêche fait des milliers de milliards de victimes. Les poissons sont invisibilisés. La pêche n’est pas nécessaire. Une exigence de justice »

Commentaires

Organisée par toute une série d’ONG anti spéciste , végane, abolitionniste, welfariste etc... (85 ONG ), dont L 214 qui commence à s’intéresser à notre secteur, cette campagne vise à sensibiliser l’opinion publique sur la nécessité de ne plus consommer d’animaux marins au nom de la souffrance animale.

La journée mondiale de la fin de la pêche était prévue le 24 mars 2018 . Il est pratiquement certain que ce jour là, les médias se sont fait l’écho de cet événement. Bien évidement la profession -voire la filière -n’a pas les moyens financiers de réagir à une campagne dont nos amis agriculteurs sont aussi victimes et devant laquelle ils sont aussi démunis que nous, malgré leur poids économique.

La stratégie est claire et connue : dénoncer des actes violents, les médiatiser, maximiser l’audience, monétiser les réactions, communiquer et finir par légiférer.
Mais quelle réponse apporter ? Comment justifier l’activité économique du secteur professionnel au regard d’arguments philosophiques qui veulent conduire à un véritable changement de société ?

Bien entendu chacun est persuadé que tous les êtres vivants sont « sentients » pour reprendre un vocable à la mode de la terminologie anglosaxone (conscience + sensibilité). Mais la mesure de cette sentience animale (et pourquoi pas végétale ?) n’est évaluable qu’au travers d’indicateurs anthropomorphiques discutables et contestables. Sans parler bien sur de leur hiérarchisation par rapport à l’être humain.
Un certain nombre de philosophes contemporains ont donné leur point de vue sur la question : Michel Onfray, Luc Ferry, Francis Wolff.

Aussi apporter une réaction à cette démarche n’est pas aisée, puisqu’il s’agit d’un débat de société bâti sur des fondements moraux voire religieux. Comment déconstruire des stéréotypes sans prôner que l’être humain est au bout de la chaîne alimentaire et au sommet de la pyramide de la chaîne trophique ?
Mais aussi comment nier que la chaîne alimentaire témoigne d’interactions entre toutes les espèces et qu’elle constitue un rouage essentiel du fonctionnement d’un écosystème.
Peut-on porter un jugement de valeur sur la chaîne qui part, par exemple du :
Pin sylvestre => pucerons => coccinelles => araignées => oiseaux insectivores => et finit aux rapaces , qui eux mêmes se nourrissent des rongeurs.....
Néanmoins une réaction , argumentée, pondérée et sans objet d’opposition frontale, doit pouvoir être proposée aux médias ou à la société civile.

Que dire ? Tout d’abord prendre la mesure de la sensibilisation de la population sur ce sujet : il n’y a probablement pas eu grand monde derrière les banderoles, mais certainement une participation de « coeur » avec ce mouvement. Combien de jeunes sont sensibilisés au mouvement militant végan ?

Une entrée , celle de la diététique et le nécessaire équilibre alimentaire. Une alimentation végétarienne ou végétalienne doit être impérativement surveillée par un diététicien en particulier pour les enfants ou les femmes enceintes , elle doit être en outre supplémentée en vitamine B12, en fer et autres compléments alimentaires etc. pour éviter les carences fondamentales, bien compliqué tout ça !
De plus, des études scientifiques affirment qu’un « régime végan, excluant tout produit issu des animaux, ne serait en réalité pas la meilleure solution pour sauver la planète » et l’INRA vient de consacrer une étude à l’élevage et à la consommation de viande. Cette étude revient sur les idées fausses concernant les méfaits écologiques de l’élevage animal.

Une seconde entrée repose sur les efforts entrepris depuis plus de 20 ans par le secteur des pêches pour modifier les pratiques et préserver les ressources marines : encadrement des flottilles, sélectivité des engins pour les espèces commerciales et les espèces protégées, respect des tailles marchandes, diminution des rejets, dispositifs techniques embarqués pour remettre à l’eau les espèces non désirées , encadrement des périodes de pêche, création des cantonnements , instauration de zones réglementées de protection environnementale etc.... Ces efforts doivent être poursuivis et portés à la connaissance du grand public. Néanmoins, la profession se doit aussi de prendre en compte la bien traitance animale.

Une troisième repose sur l’amélioration très sensible de l’état des stocks européens ; certains sont abondants et pleinement exploités, d’autres en voie de restauration et tendent progressivement à être exploités au niveau du Rendement Maximum Durable ; les plus fragiles font l’objet de mesures restrictives ; pour un certain nombre néanmoins , les observations de terrain en mer témoignent d’une abondance que les scientifiques ne veulent pas encore reconnaître.

Une quatrième concerne l’économie maritime de la filière de la pêche, des emplois qu’elle génère, de l’aménagement des territoires qu’elle anime. En Bretagne, 1200 navires, 4800 marins, 495 entreprises aval....

Enfin , donner la mort à un être vivant doit être accompli proprement, avec respect pour la vie ; c’est la seule conduite responsable.

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