Joal-Fadiouth

2e grand port de pêche du pays, peuplé d’environ 40 000 habitants, Joal-Fadiouth est confrontée aux mêmes problèmes qui assaillent la plupart des villes africaines à savoir : la disparité économique, l’illettrisme, la pollution et la mauvaise gestion des déchets. Tout cela pousse la plupart des jeunes à vouloir quitter le terroir pour aller vers la capitale ou bien à l’étranger.
Joal-Fadiouth qui jadis était très pourvue en ressources halieutiques, offre de nos jours peu d’espèces de poissons et de fruits de mer. La surexploitation de la mer à travers la pêche illégale pratiquée par de gros bateaux-usines au large de nos côtes et l’exportation des produits vers les pays occidentaux, a rendu difficile la pêche. De ce fait, la pêche traditionnelle souffre énormément dans cette zone.
Le poisson occupe une place centrale dans le vécu des populations de Joal-Fadiouth. Son exploitation quotidienne sous toutes ses formes, constitue l’activité génératrice de revenus la plus usitée de la région. Cela est vrai aussi bien pour les habitants du terroir que les ressortissants de la sous-région ouest -africaine. Ici on dit que : “l’argent sent le poisson”.

Le projet All About Fish

C’est une proposition artistique qui s’inspire des préoccupations de la population locale pour créer un cadre esthétique qui sera déployé dans la cité. Dans ce temps de fragilité sociale et environnementale, nous sommes convaincus qu’avec une réinitialisation du sens de l’auto-prise en charge et de la prise de responsabilité à travers la créativité, on pourrait permettre à la population et à la région de redevenir une vibrante communauté.
Les objectifs du projet All About Fish sont de produire dans dix endroits de la commune de Joal-Fadiouth des oeuvres d’art (fresque murale, sculpture, installation) réalisées par cinq artistes professionnels et cinq peintres de pirogues. Le thème du travail sera la disparition du poisson. En quelque sorte, ce seront des représentations symboliques des espèces de poissons que l’on arrive plus à voir dans cette région. Les artisans seront sélectionnés dans la corporation des peintres de pirogues de la commune.
Tout au long de la côte sénégalaise, voire ouest africaine, existe un corollaire esthétique à l’activité de la pêche artisanale. Il s’agit de la communauté d’artistes locaux qui décorent admirablement les pirogues qui vont tous les jours dans la mer. Au fil du temps, ils ont développé toute une gamme de dessins graphiques et colorés auxquels tous les gens qui gravitent autour de la pêche sont consciemment et inconsciemment familiers.
L’idée est d’opérer un glissement de champ d’action de cette pratique qu’il s’agira de déplacer dans les rues de la cité. Ce serait intéressant de voir sur les murs de Joal des peintures de pirogues, et parmi les inévitables signes et symboles utilisés, la représentation des dessins des poissons qui ont disparu et que les pêcheurs et la population ne peuvent plus toucher.
L’objectif est d’amener les gens, à travers des images qui vont inévitablement contribuer à l’embellissement de la cité, à insuffler davantage le sens de l’auto-responsabilité. Le fait de déplacer des visuels traditionnellement et familièrement reconnus dans un autre contexte de la commune, ne passera pas inaperçu.
L’implication des membres de la communauté dans la revitalisation de la cité va encourager tout un chacun à d’avantage assumer ses responsabilités (…) L’éducation de la communauté cible passera par l’élargissement de leur horizon à travers l’implication de collaborateurs venant des zones urbaines, des autres régions du Sénégal et celle de volontaires locaux et internationaux.
Le respect constitue une considération fondamentale pour nous. Nous nous évertuons à tenir compte des valeurs culturelles et sociales du terroir, et à encourager nos hôtes à en faire de même.

Un projet artistique qui mobilise les habitants

Les activités du projet « Jën Rekk » seront menées par cinq artistes professionnels et cinq peintres de pirogues de la région. Ils vont tous collaborer pour produire dix œuvres d’art majeures sur le thème de la pêche.(…) Le travail se fera de manière collaborative et sous la supervision de l’artiste qui gérera les aspects liés au design, et invitera l’artisan à intervenir d’une manière qui complétera visuellement et conceptuellement la proposition de l’artiste. Les œuvres pourraient être produites séparément ou bien en une seule pièce.
Les artistes qui font des œuvres en trois dimensions seront encouragés à utiliser au besoin, des matériaux liés à la pêche collectés dans les environs immédiats de la commune. Les volontaires communautaires seront invités à participer dans la préparation et le nettoyage des sites d’accueil des œuvres, la collecte des matériaux, et de toutes les manières possibles pour assurer l’intégrité des réalisations artistiques. Il sera demandé à chaque artiste participant dans le projet de travailler pendant six semaines de résidence artistique.
Tout ce qui sera ainsi produit fera l’objet d’une exposition à la cérémonie de clôture. Un historien de l’art accompagnera le projet. Une étude sociologique va être entreprise tout au long du processus et figurera dans le catalogue
15 et 16 Décembre 2018 : Evénement de Clôture de All About Fish/ Jën Rekk

Des œuvres permanentes

Nous espérons opérer un changement conséquent, durable et visible qui résultera de l’embellissement et de la réorganisation de l’environnement physique du terroir accompagné par des notions de fierté, de dignité, d’initiative créative, d’autonomie, de valeurs référentielles assumées, et d’une conscience sociale environnementale.
Ces résultats ne devraient pas seulement provenir de la contribution créative des artistes, mais des initiatives de la population locale.
Grâce aux initiatives de notre centre d’art, nous avons déjà établi des relations avec les groupes suivants, et comptons les approfondir au fil du développement du projet Jën Rekk : la commune rurale de Nguéniène, la commune de Joal-Fadiouth, des artistes locaux et internationaux, des étudiants d’universités et des lycées et collèges, les voisins des villages de Ngazobil et de Mbodiène et leurs écoles, les artisans locaux et les organisations avec qui nous collaborons dans des réseaux d’affinité de vision, etc…
La visibilité du projet et la nature permanente des œuvres qui seront produites tout au long de l’artère principale de la commune jusqu’à Fadiouth va fortement interpeler les visiteurs locaux et étrangers au-delà de la fin du projet.
L’importante documentation (catalogue, vidéo, blog) qui accompagnera le travail va renforcer le projet et encouragera les futures études sur cette initiative. Nous pensons que notre projet interpellera les 45 000 personnes qui vivent à Joal et toute la population de la région et tous les visiteurs occasionnels.
Proposition : une fois le projet mené et la population ayant pris conscience des dangers de la pêche intensive pratiquée par les gros chalutiers étrangers, initier des actions communes (pétitions / interviews de personnalités…) pour interpeller les autorités/gouvernement Sénégalais et pour qu’ils empêchent concrètement ces bateaux à continuer à vider les zones de pêche locales.

Contact :
Portes et Passages du Retour est une association qui met l’accent sur l’art et la créativité, son but est d’assurer une relation vitale et nécessaire entre l’homme et la nature pour permettre un réel et intégral mieux être dans la société. Le Centre d’Art et de Développement Holistique génère des programmes communautaires gravitant autour de l’engagement alternatif dans l’art, l’éducation, la conscience environnementale, l’agriculture, l’éco-architecture et la souveraineté intellectuelle dans la production d’un mieux-être.
Les co-fondateurs Amadou Kane Sy et Muhsana Ali en sont les responsables.
http://www.portesetpassagesduretour.com/index.html
Amadou Kane Sy : kansiisalam@gmail.com