Ce communiqué de presse résume en une page la politique environnementale du gouvernement vis à vis de la "biodiversité". Un terme employé en lieu et place de "nature" pour signifier que cette dernière n’est qu’un réservoir de ressources et "d’écosystèmes" qu’il convient d’exploiter. Des ressources élargies aux savoir-faire, aux paysages etc... par l’ONU et l’UICN.
Le soutien financier que le gouvernement accorde en 2017 à l’IPBES via l’Agence française de la biodiversité (AFB) n’est pas anodin. Notons que pour l’IPBES il reste des crédits.
Ce machin a été créé en 2010 par le protocole de Nagoya ajouté à la convention sur la diversité biologique (vous savez, ce droit que vous adoptez 20 ou 30 ans auparavant et qui évolue tous les deux ans dans les directions que vous n’auriez pas souhaité...). L’IPBES ( Intergovernmental Platform on Biodiversity and Ecosystem Services https://www.ipbes.net/) est une "plate-forme", ce qui veut dire dans le jargon onusien que le secteur privé est aux commandes des décisions, à égalité avec les Etats et les scientifiques. Cette "gouvernance" permettra de diriger la politique de la biodiversité dans tous les Etats membres de l’ONU (ce qui va au-delà des Etats signataires de la convention (CDB). En clair, les gouvernements n’ont plus qu’un devoir d’obéissance à la plate-forme, et les parlements sont plus que jamais transformés en chambres d’enregistrement.
Pour faire avaler la couleuvre, le gouvernement français présente toujours l’IPBES sous forme de GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) de la biodiversité. C’est totalement faux. Comme son nom l’indique, le GIEC est un groupe d’experts scientifiques, son rapport résume tous les 5-6 ans les tendances du climat ; le GIEC n’a aucun pouvoir de décision, le secteur privé n’y est pas représenté. Ce qui n’est pas le cas de l’IPBES qui donne clairement le pouvoir aux multinationales et aux banques grâce à sa "plate-forme" et ce, à l’échelle planétaire.
Autre bonne nouvelle : la recherche publique (CNRS, MNHN) sera pilotée par l’AFB au sein d’une "unité mixte de service". Une AFB dirigée par Christophe Aubel, vice-président de l’UICN. Autrement dit, la recherche sera soumise aux orientations politiques et idéologiques de la "conservation" de la nature... Parions que les crédits de recherche cibleront essentiellement cette "unité".
Le communiqué de presse rappelle également le rôle des agences régionales de la biodiversité (8 régions se sont déjà mises sur les rangs). Qu’elles se réjouissent : leur rôle se limitera à la propagande et à l’application des décisions prises. Elles sont également chargées de promouvoir et récompenser les bonnes pratiques recensées dans le programme « Territoires engagés pour la biodiversité ».
Quant au comité national de la biodiversité créé par la loi biodiversité, sa fonction se résume à de l’information et à un rôle "d’aiguillon des pouvoirs publics". Pour ce qui est de sa composition, se reporter au lien https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/comite-national-biodiversite
Réjouissons-nous tout de même : la France accueillera en 2020 le congrès mondial de la nature de l’UICN ! Il nous reste un peu plus de deux ans pour nous préparer !
Françoise Degert, 31 octobre 2017
Nicolas HULOT, ministre d’État,
Ministre de la Transition écologique et solidaire Paris, le mardi 31 octobre 2017
Communiqué de presse
Nicolas Hulot place la reconquête de la biodiversité au cœur des territoires
Après un mois d’octobre notamment consacré à la promotion de la biodiversité, Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, fait de la reconquête de la biodiversité un enjeu primordial dans l’action politique du ministère, au même titre que celui de la transition énergétique, et invite les territoires à s’en emparer pour faire face au changement climatique.
« Je tiens à ce que la société française accorde autant d’importance à la reconquête de la biodiversité qu’elle en donne à la lutte contre le changement climatique. Car nous ne pouvons réussir le défi du climat sans l’appui des écosystèmes qui sont nos premiers alliés dans cette lutte » a souhaité rappeler Nicolas Hulot devant les membres du Conseil national de la biodiversité.
Tout au long du mois d’octobre 2017, le ministre est allé à la rencontre des acteurs impliqués au sein des territoires contre l’érosion grandissante de la biodiversité pour mobiliser les compétences autour de cet enjeu majeur qu’est la préservation et la restauration de notre patrimoine naturel.
Lors de sa participation à la journée de la Fondation de la recherche pour la biodiversité, le 5 octobre dernier, Nicolas Hulot a insisté sur l’importance de s’appuyer sur les travaux issus de la communauté scientifique pour éclairer l’action publique. Le ministre a également annoncé vouloir travailler à une prise de conscience collective des résultats des études récentes qui rappellent le rôle indispensable de la nature pour relever le défi climatique, notamment grâce à sa capacité à encaisser le choc du réchauffement.
Dans ce contexte, le ministère va apporter dès 2017 un soutien financier à la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) au travers d’une convention avec l’Agence française pour la biodiversité (AFB). Par ailleurs, une unité mixte de service entre le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l’Agence française pour la biodiversité (AFB) va permettre, avant la fin de l’année, de disposer d’une organisation exemplaire dans le domaine de l’expertise des politiques publiques dans ces domaines.
Le 23 octobre, le ministre de la Transition écologique et solidaire a participé à la signature de la déclaration d’intention nationale qui ouvre une nouvelle façon de conduire les politiques publiques entre l’Etat, les Régions et les autres collectivités dans le domaine de la biodiversité. À cette occasion, l’engagement de huit premières régions pour engager la création d’une agence régionale de la biodiversité a été réaffirmé. Véritables ambassadrices auprès de toutes les collectivités, les agences régionales auront notamment pour mission d’accompagner les territoires, les acteurs économiques et les citoyens dans la compréhension des enjeux de la biodiversité dans leur quotidien et dans leur capacité à agir.
Enfin, le 27 octobre, le ministre a effectué un déplacement en Loir-et-Cher, où il a pu rencontrer des agriculteurs producteurs de fromage dont l’exploitation participe à la restauration de prairies humides à haute valeur environnementale, preuve qu’il est possible de faire différemment et de s’associer à la nature pour produire.
Pour conclure cette première séquence consacrée à la biodiversité, le 31 octobre, le ministère a lancé le Comité national de la biodiversité. Cette nouvelle instance sociétale d’échanges, de consultations et de propositions, composée de parties prenantes des enjeux liés à la biodiversité (scientifiques, associations, entreprises, collectivités…), jouera un rôle d’aiguillon auprès des pouvoirs publics.
Le mois d’octobre s’inscrit ainsi dans une perspective de futurs grands chantiers à mener afin de rendre opérationnelle la reconquête de la biodiversité au cœur de tous les territoires :
• la mise en place du dispositif « Territoires engagés pour la biodiversité » qui vise à promouvoir à l’échelle du territoire des actions exemplaires en faveur de la reconquête de la biodiversité. Ce dispositif va être préparé en lien étroit avec les régions pour sa mise en œuvre qui mobilisera prioritairement les agences régionales de la biodiversité ;
• le lancement à venir d’un budget participatif pour la biodiversité et le climat de manière à soutenir les citoyens dans le développement de projets exemplaires et qui auront vocation à être reproduits ;
• la candidature de la France pour accueillir en 2020 le Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cet évènement doit être l’occasion d’une mobilisation forte de nos concitoyens autour de la reconquête de la biodiversité comme la COP21 l’a été en matière de changement climatique.