C’est l’affirmation et la conviction étayée de Ghyslain Wattreloos, dans son livre "Vol MH370, une vie détournée" [1] , qui fait écho à celui de son ami K.S Narendran, le mari de Chandrika Sharma, secrétaire d’ICSF, elle a aussi disparu dans ce vol [2] .
Ghyslain Wattreloos y a perdu sa femme, un de ses fils et sa fille. Depuis il se bat contre le désespoir et pour la vérité. Ce combat lui permet aussi de donner un sens à sa vie de solitaire. Loin d’être un complotiste, il s’appuie sur un raisonnement rigoureux fondé sur les incohérences du récit officiel. Il ne s’en laisse pas conter ; ingénieur des Mines et N° 2 de Lafarge au moment du drame, il s’appuie sur des documents. Depuis sa démission de Lafarge après la fusion avec Holcim, il consacre sa vie à la recherche des preuves et des témoignages qui peuvent obliger ceux qui savent la vérité à la dévoiler. Il existe ainsi des photos prises le 24 mars 2014, 15 jours après le drame, par un satellite militaire français, qui montrent des débris flottants, au milieu de l’Océan Indien. La localisation est précise : latitude 35°6 S, longitude 98°8 E. Pourtant cette zone n’a pas été fouillée, la marine australienne concentrant ses recherches plus au sud. Ces photos n’ont été révélées qu’en août 2017, elles confirment que l’avion s’est probablement écrasé en mer. Pourquoi la France a-t-elle caché ces documents, laissant l’Australie dépenser en vain des millions de dollars pour des recherches que beaucoup savaient vaines ? Fallait-il entretenir des illusions et détourner l’attention de la vérité ? Ghyslain Wattreloos en est convaincu, « Le MH370 a été abattu par une autorité ou un Etat qui est aujourd’hui dans l’impossibilité de le reconnaître ». L’avion a été auparavant détourné.
Quel est cet Etat ? Ghyslain Wattreloos ne s’engage dans aucune spéculation. Il sait cependant que les autorités militaires américaines et d’autres connaissent la vérité car elles contrôlent parfaitement cette zone stratégique où se livre aujourd’hui une bataille entre les grandes puissances comme la Chine, l’Inde et les Etats-Unis ; deux avions AWACS surveillent la zone ainsi que de nombreux satellites militaires. Même si Ghyslain Wattreloos ne l’écrit pas, une hypothèse est envisageable : l’avion pourrait avoir été abattu par les Américains, appliquant strictement les procédures destinées à protéger leur immense base stratégique de Diego Garcia, en plein milieu de l’Océan Indien. Cela est impossible à prouver dans l’état actuel des informations et reste donc une hypothèse parmi d’autres. Il a déjà été prouvé que les Etats-Unis ont utilisé le prétexte d’une protection de l’environnement, appuyés par PEW, pour obtenir des Britanniques la création d’une réserve intégrale autour de leur base. Face à de tels intérêts, la vie humaine et les droits humains ne pèsent guère, surtout s’il s’agit d’un avion condamné par un détournement.
Quant aux origines du détournement, il n’y a pas d’hypothèse solide pour l’instant. Certains évoquent une action des Tigres tamouls, dont plusieurs dirigeants sont réfugiés en Malaisie et menacés par le changement de politique du pays à leur égard. Ces derniers ne revendiquent pas leurs actions terroristes. Hypothèse fragile…
Cette histoire nous rappelle étrangement le mutisme des autorités militaires et politiques ainsi que leurs manipulations dans l’affaire du naufrage du Bugaled Breiz, un chalutier breton coulé par un sous-marin. En France comme ailleurs, les armées sont de grandes muettes.
L’intérêt du livre va au-delà du parcours personnel de son auteur après le drame ; il nous fait entrevoir le cadre de vie et les conditions des cadres expatriés en Chine et en Asie. Il nous fait découvrir une panoplie de personnages troubles ou manipulateurs, barbouzes, hackers, voyants, détectives et escrocs, fonctionnaires obtus mais aussi des scientifiques passionnés et des fonctionnaires sincères. Enfin il confirme l’impossibilité d’unir des familles pour connaître la vérité quand la majorité des victimes sont chinoises et que leurs familles sont poursuivies et menacées si elles essaient de s’organiser pour se défendre.
Pour Ghyslain Wattreloos, le combat continue pour faire éclater la vérité, avec quelques amis comme Naren, le mari de Chandrika Sharma. Ils méritent notre soutien.

Alain Le Sann. Mars 2018