La fin du marché de Tsukiji à Tokyo : La remise en cause d’une pêche intégrée à la société ?

, par  CHEREL, Jacques

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Tsujiki, le plus grand marché du monde des produits halieutiques, est le symbole d’une pêche mondialisée, industrielle et de plus en plus concentrée. Sans doute représente-t-il aussi l’évolution productiviste des activités de la mer, avec comme corollaire la surpêche et l’exploitation des ressources des pays les moins développés. Il correspond à la place importante que les produits de la mer ont dans l’alimentation et la culture de la population japonaise.

Ils sont inscrits dans presque tous les repas d’une façon ou d’une autre.

Le plus grand marché au monde de poisson est un aussi un des lieux les plus visités de Tokyo.

Si sa taille et la quantité de poissons traités en font un phénomène unique, son intégration dans la ville et la société japonaise en sont un de ses fondements. En effet ce qui frappe le visiteur c’est l’énorme fourmillement d’hommes et de femmes qui y travaillent

 : transporteurs, découpeurs, acheteurs, vendeurs, caissières derrières leur petits guichets.

Tsukiji est aussi un lieu de vente pour tous les produits de la mer et aussi de leur mise en valeur. En premier le thon rouge pour répondre au goût insatiable des Japonais, les mareyeurs s’en procurent venant du monde entier, de la Méditerranée, de l’Atlantique, du Pacifique ou de l’océan Indien.

Les restaurants se réservent des morceaux à plus de 150€ le kg

tandis que les grandes surfaces font des offres autour de 40€.

Le thon sauvage, le plus prisé, est concurrencé par le thon de fermes aquacoles d’engraissement moins cher. L’élevage du thon d’embouche est une tentative pour remédier à la surpêche, avec toutes les ambiguïtés que l’on sait.
Mais si cette vente est la plus spectaculaire, on trouve toutes les espèces de poissons, d’algues, de coquillages…

Leur traitement et leur présentation font l’objet d’un soin méticuleux que l’on observe sur tous les marchés pour répondre à une clientèle nombreuse et en quête de raffinement. Un étal de poissonniers est toujours fascinant par la diversité et la qualité. Bien évidemment la vente s’accompagne toujours d’un lieu de dégustation et de restauration très appréciés.
Plus qu’un marché, Tsukiji est un quartier vivant et actif avec une multitude de restaurants pleins une bonne partie de la journée. Le midi, les employés des quartiers d’affaires proches comme Ginza viennent y déjeuner, mais aussi une foule de touristes. C’est là que l’on va trouver les meilleurs sushi et sashimi

avec toute la gamme des produits la mer comme les huitres consommées crues, cuites, fumées, en conserve etc… L’élevage des huitres est particulièrement développé dans la Mer intérieure et sur la côte de la mer du Japon.

A proximité du marché se trouve aussi un temple très visité, on y vient faire des offrandes et se recueillir pour garantir un avenir serein.
En octobre prochain, le marché de Tsujiki va être déplacé à Toyosu sur un polder situé près de la gare de Shijo mae dans le quartier de Koto, à environ 2 km. Cet ilot avait été construit avec des débris de la 2e Guerre mondiale et a abrité une usine à gaz, ce qui inquiète les professionnels de la mer. Aux craintes concernant l’aspect environnemental et qualitatif, s’ajoutent celles au sujet de la perte d’insertion dans la vie sociale et culturelle de la ville.

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