Lire l’intégralité de l’article
De la croissance bleue aux communs bleus ?
Cet article présente une critique et une perspective alternative au modèle de croissance traditionnel de « l’économie bleue » et fait partie d’une réflexion sur les présentations et les résultats de la conférence de Nairobi sur « une économie bleue durable » de novembre 2018. Le concept d’économie bleue, et les stratégies de « croissance bleue », concernent la pêche artisanale. Initialement destiné à orienter l’économie des océans vers la durabilité écologique et la réduction de la pauvreté, il encourage maintenant les investissements dans les secteurs qui menacent les pêches à petite échelle (PPE) et les communautés côtières de nombreuses régions du monde. Ce que l’on appelle maintenant la « croissance bleue » est basé sur l’affirmation selon laquelle la transition vers une économie bleue doit être conduite par des investisseurs privés et constitue une formidable opportunité pour les affaires. Mais il est peu probable que cela sauve les écosystèmes sur lesquels reposent les PPE, sans pour autant freiner la montée des inégalités. Une autre perspective est nécessaire, qui doit rejeter la promesse d’une croissance économique accrue, d’une dépendance vis-à-vis du financement privé et de systèmes de conservation fondés sur le marché, et inclure des systèmes audacieux de redistribution. En développant cette alternative, le slogan de l’économie bleue doit être réévalué ; il a été corrompu. Le concept de « communs bleus » pourrait mieux servir les aspirations du secteur de la pêche artisanale.