L’Europe et la pêche en débat avec Isabelle Thomas Compte rendu du débat public du 20 avril 2019 au Guilvinec

, par  ALI Djouma

« Il est absurde d’opposer pêcheurs et écologistes. La question pour la puissance publique, c’est comment intervenir pour que l’activité humaine respecte les équilibres écologiques. Il y a une harmonie à atteindre entre l’Humanité et la Planète, et cela va au-delà de la pêche » Isabelle Thomas

Le 23 avril dernier s’est déroulée à Guilvinec en Finistère Sud, une journée en présence de la députée européenne Isabelle Thomas dédiée aux enjeux de la pêche, cette activité étant encadrée au niveau européen à travers la Politique Commune de la Pêche (PCP).
Deux moments principaux ont animé ce temps de la campagne européenne : une table ronde à l’armement bigouden en présence de plusieurs professionnels-les du monde de la pêche, et un débat public à la grande salle du château de Kergoz.
Accompagnée par deux autres candidates bretonnes sur la liste Génération.s aux européennes, Emmanuelle Rasseneur, maire de Gourlizon et conseillère régionale, et Emmanuelle Trocadéro, directrice du Seamen’s club de Lorient, la députée européenne Isabelle Thomas est revenue sur l’une des problématiques au cœur des préoccupations européennes actuelles : LE BREXIT. D’autres sujets d’une importance capitale vont de pair avec les questions que soulève la probable sortie du Royaume-Uni de l’Europe : il s’agit notamment du développement durable solidaire de la pêche et de l’aquaculture.
Dans cette première partie, plusieurs problématiques ont été discutées : la protection de la ressource halieutique et de la durabilité de l’activité de la pêche à travers la PCP, la règlementation sur les quotas, les craintes liées au Brexit (notamment l’accord Barnier), l’assèchement des financements en périphérie et les délais de versement des subventions, les obligations de débarquement, la gouvernance au niveau régional des ports, l’avenir de la pêche artisanale et ainsi que de la communauté littorale…etc.
Lors de la rencontre Isabelle Thomas a attiré l’attention sur les risques graves que fait peser l’accord Barnier sur l’accès aux eaux britanniques. Il risque en effet d’y avoir une déconnexion de l’accès aux marchés de l’accès aux eaux. L’accès aux marchés serait discuté avant même que soit discuter l’accès aux eaux. Cette discussion serait reportée à plus tard. Dans ce cas l’UE n’aurait plus de moyens de pression dans cette discussion, les cartes seraient entre les mains des Britanniques qui pourraient choisir leurs interlocuteurs et les conditions d’accès. Les pêcheurs français risquent ainsi d’être sacrifiés au bénéfice des marchés y compris des importations de poissons.
Elle a ensuite rappelé l’importance des décisions prises au niveau européen, pour la pêche comme pour d’autres sujets (interdiction des plastiques à usage unique par ex). Son action a été importante au sein de la commission pêche pour défendre le FEAMP, la pêche des grands fonds, l’interdiction de la pêche électrique. Sur ce point elle insiste sur l’importance des pressions conjointes des pêcheurs, des députés et des ONGE. Elle admet que toutes les ONGE ne sont pas transparentes ou démocratiques mais il faut exiger qu’elles soient transparentes sur leurs financements. Elle a enfin rappelé ses engagements dans les débats sur les mesures techniques, son rapport sur les contrôles. Pour elle l’expérience prouve que malgré les orientations profondément libérales de l’U E, il est possible d’obtenir des résultats quand on sait apporter des arguments fondés et s’appuyer sur une mobilisation citoyenne. Pour la pêche électrique la bataille était loin d’être gagnée puisque toutes les instances étaient majoritairement en faveur de l’extension de la pêche électrique, mais elles ont dû changer de position et céder.
Les professionnels du port ont insisté sur les retards importants dans les investissements portuaires dans le pays de Cornouailles et surtout le pays bigouden, le sentiment profond d’un abandon d’une zone périphérique.
Les échanges ont été très enrichissants, confrontant les opinions de chacun pour proposer, trouver des solutions à ces enjeux. Une table ronde qui montre bien l’écoute, l’intérêt mais aussi la passion dont fait preuve Isabelle Thomas vis-à-vis de ses engagements auprès de ses concitoyens. Elle n’a d’ailleurs pas omis d’inciter les professionnels-les de la pêche à œuvrer conjointement avec les ONG, les citoyens et les acteurs publics tout en pointant du doigt le manque de transparence des ONG, « parlons ONG mais avec de la transparence !!! »

La journée s’est achevée au Manoir de Kergoz par une soirée interactive consacrée à des échanges avec le public au sujet des enjeux socio-économiques et environnementaux que suscite la recherche de l’équilibre entre développement durable et pérennité de l’activité de pêche.

Alain Le Sann, Président du collectif Pêche et Développement, Emmanuelle Trocadéro, et Isabelle Thomas se sont donc efforcés au cours de ce débat de présenter les enjeux en adoptant une approche globale et en mettant en évidence l’indissociabilité de la pêche et de ses dimensions sociales et environnementales. D’ailleurs Alain le Sann a très bien souligné, la dimension humaine de la pêche « on ne peut pas bâtir l’avenir de la pêche, s’il n’y a pas de pêcheurs !!! »

en expliquant bien qu’il est fondamental de balayer cette image de la pêche très négative qui veut que les pêcheurs soient des pilleurs et des dégradeurs de l’océan. La pyramide des âges des pêcheurs est implacable et il faut absolument renouveler les hommes et les femmes dans le secteur, y compris par l’appel à des marins non issus du milieu ou issus de l’immigration. Il insistait sur le respect que l’on doit aux pêcheurs car le travail qu’ils effectuent est un travail noble. Ce respect passe par la reconnaissance de leurs droits sur les territoires maritimes liés aux communautés. La révolution bleue, l’économie bleue constituent une menace pour leurs droits d’accès aux eaux. Il ne s’agit pas de remettre en cause toutes les mesures ou activités liées à l’économie bleue mais de prendre en compte l’avis des pêcheurs. Cela n’est pas vraiment le cas aujourd’hui au niveau international dans les débats sur l’avenir des océans. Pour les pêcheurs, le respect de leurs droits et la reconnaissance de leur parole implique aussi de répondre aux questions de la société sur la protection des océans et de prendre en compte la biodiversité marine. C’est à chacun d’être ouvert au débat, aux questionnements et ainsi être partie prenante dans la préparation de l’avenir des océans.
« Pour la pêche comme pour tout secteur, le défi qui est soumis à la puissance publique est de faire en sorte que l’activité humaine respecte les équilibres écologiques. Il y a une harmonie à atteindre entre l’Humanité et la Planète, et nous n’y parviendrons que par régulation, transparence, vigilance citoyenne, expertise scientifique, et débat démocratique. C’est le sens de la PCP européenne. En un mot comme en cent : défendons les pêcheurs artisans et les communautés littorales, protégeons la ressource qui nous fait manger et les fait vivre. C’est ce à quoi je m’emploie depuis 7 ans en tant que députée européenne, comme au Conseil Régional de Bretagne auparavant, et j’entends continuer à mener ce combat au Parlement européen » Conclut Isabelle Thomas
Une journée riche en débat !

Compte rendu : Djoumah Ali

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