1984, à Rome, la FAO organise une grande assemblée pour définir les nouvelles politiques des pêches dans le cadre du nouveau droit de la mer. Aucun représentant de pêcheurs n’y participe, priorité est donnée à la pêche industrielle et, bien sûr, par la suite, on accuse les pêcheurs d’être les principaux responsable de la dégradation des océans.
2020, à la Convention sur la Biodiversité, à l’UICN, à l’ONU, à l’OMC, se préparent des décisions majeures pour l’avenir des pêches et des océans, l’heure est maintenant à la protection des océans ; il faut protéger 30% des océans, dont le tiers (10%) mis en réserves intégrales. Certains vont plus loin en demandant l’interdiction de la pêche en haute mer (60% des océans). On mettrait donc en zones interdites à la pêche 70% des océans. Comme la FAO a largement pris le parti de la pêche artisanale, elle est marginalisée et, dans les grandes assemblées décisionnelles, il n’y pas de représentants de pêcheurs, qui depuis 1984, se sont organisés au niveau international. Par contre on y trouve de nombreux représentants de grandes ONG, de multinationales, de banques, de biologistes qui, tous ou presque, défendent l’économie bleue et la croissance bleue. Celle-ci bien sûr ne concerne pas la pêche comme le précise l’Union Européenne. Tout se passe comme si on allait favoriser des activités lucratives sur les océans, qui vont souvent contribuer à leur dégradation (extractions) en compensant par l’exclusion des pêcheurs d’une bonne partie de leurs zones traditionnelles de pêche.
Pour justifier cela, il faut donner une image catastrophiste de la pêche et des pêcheurs tout en prétendant évidemment les sauver. Ainsi on nie toute la culture spécifique des pêcheurs qui ont pu contribuer à la destruction des milieux et des ressources, mais sont aussi les mieux placés pour assurer leur protection, du fait de leur connaissance intime et quotidienne de la mer et de son évolution. Mais que peuvent-ils face aux grands enjeux financiers et économiques de l’économie bleue ? Il y a urgence à reconnaître leurs droits et leurs responsabilités. La Convention Citoyenne vient de demander implicitement un arrêt de la pêche à terme pour la remplacer par un aquaculture durable.
Alain Le Sann