Dauphins : ne pas céder aux diktats au nom d’une urgence qui n’existe pas.

, par  LE SANN Alain

Publié par Ouest France dans son édition de Lorient, le 23 septembre.
questions de Charles Josse.

1. Vous avez étudié le fonctionnement des organisations non gouvernementales (ONG) qui agissent pour la défense de l’environnement, en particulier les ressources marines. Quelle appréciation avez-vous de Sea Shepherd dans le cas particulier des captures accidentelles de dauphins, son esprit, ses méthodes ?
Sea Shepherd met le doigt sur un problème qui n’est pas nouveau dont les pêcheurs sont conscients, mais cela ne menace pas la survie des centaines de milliers de dauphins et marsouins. Il n’y a donc pas d’urgence même s’il faut chercher des solutions pour réduire les captures, mais cela Sea Shepherd le refuse car il ne faut pas empêcher les dauphins de se nourrir. Ils veulent en réalité la fin de toute pêche et préfèrent empêcher les humains de se nourrir au nom de l’antispécisme, fondement philosophique de Sea Shepherd : "les vers , les fourmis, les bactéries et les poissons sont plus importants que les êtres humains" ( P. Watson, Earthforce)
2. Vous avez aussi pointé du doigt les financements de ces ONG. Que savez-vous de Sea Shepherd ?
Le financement de Sea Shepherd est basé sur les dons de riches milliardaires comme du grand public. Pour assurer cela, il faut choisir la défense d’espèces totémiques sympathiques en s’appuyant sur des images et des données spectaculaires, parfois vraies mais aussi fausses comme cette affirmation de Paul Watson :"Depuis 1945, 90% des êtres vivants des océans ont disparu" (Télérama). La manipulation des médias est revendiquée et justifiée au nom "de la Terre et de tous ses enfants".
3. Sea Shepherd, comme d’autres ONG, savent très bien utiliser les réseaux sociaux pour sensibiliser l’opinion publique à leur action. Les pêcheurs sont beaucoup moins aguerris à ces techniques. Ont-ils médiatiquement perdu d’avance à votre avis ?
Bien sûr, il est très difficile pour les pêcheurs de se défendre. La seule manière c’est de poursuivre les efforts pour limiter les prises accidentelles, dans le cadre d’un débat démocratique, sans céder aux diktats au nom d’une urgence qui n’existe pas. Mais, on l’a vu avec l’interdiction des filets dérivants, aucune réduction des captures accidentelles n’arrêtera leurs campagnes jusqu’à l’interdiction de la pêche. C’est aux médias, aux enseignants, d’analyser les objectifs réels de ce type d’ONG et de remettre en cause l’idéologie anti-humaniste qui anime Sea Shepherd.

Alain Le Sann

Professeur d’histoire-Géographie
Co-président du Collectif Pêche et Développement.

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