Avec les pêcheurs, protéger les océans.

, par  LAGARDE, Virginie, LE SANN Alain

Depuis quelques mois, on assiste à une évolution inquiétante des débats sur la pêche. Des journalistes et des scientifiques en appellent à la fin de la pêche pour sauver les océans, ils sont relayés par des ONG très médiatiques.

Plus généralement, les forums et les organisations internationales mettent en avant l’économie bleue qui a pour conséquence une marginalisation de la pêche, soit par la généralisation de réserves, soit par le développement d’activités concurrentes de la pêche. Une telle évolution est inéluctable si l’on continue d’exclure ou de marginaliser les pêcheurs dans les instances internationales. C’est le cas à l’OMC qui débat des subventions à la pêche, à l’UICN et à la Convention sur la biodiversité qui promeuvent une valorisation du capital naturel des océans, comme moyen de les protéger. Cela aboutit à la mise en réserves, sans concertation, de zones importantes en échange du développement d’activités liées à l’économie bleue et d’une financiarisation du capital naturel.
Pourtant les pêcheurs, même s’ils ont leur part de responsabilité dans certaines dégradations, sont aussi parmi les premiers à se mobiliser pour défendre l’environnement marin et littoral. Ils travaillent dans un cadre réglementaire rigoureux. Ils prouvent par diverses réussites de gestion concertée qu’ils sont capables de protéger les ressources et de les restaurer parce qu’ils ont conscience des limites et qu’ils ont une connaissance approfondie de la mer par leur pratique quotidienne. Ils collaborent avec les scientifiques quand des rapports de confiance sont établis. Tous ces processus sont fondés sur des rapports humains et le respect des uns et des autres. Tout cela nécessite du temps, loin des exigences de bureaucraties ou d’ONG coupées des réalités, et des urgences suscitées par des réactions émotionnelles. La société doit exprimer sa volonté de protéger les océans et reconnaître qu’une bonne part des dégradations provient de la terre. Elle doit aussi reconnaître que le rôle des pêcheurs est essentiel pour fournir durablement une nourriture de qualité, à faible impact environnemental, au prix d’un travail passionnant mais épuisant et dangereux. Il existe une Journée Mondiale des océans, mais il est temps de reconnaître officiellement, comme dans bien d’autres pays, la Journée Mondiale des Pêcheurs du 21 novembre. Elle fut instituée à New-Delhi en 1997 avec la participation de pêcheurs bretons. Le Collectif Pêche & Développement la célèbre chaque année.

Alain Le Sann
Virginie Lagarde
co-présidents du Collectif Pêche & Développement

Navigation