Paul Watson place la réédition de son manuel de stratégies pour défendre la planète (1993) sous l’égide de Napoléon, dont il admire le charisme. Nul doute qu’il en fasse son modèle, lorsqu’il s’agit de contrôler son image et de manipuler les médias en créant « un mythe autour de sa personne ». Ce charisme est « au service de la Terre et de tous ses enfants ». Mais ces enfants ne sont pas seulement « les animaux humains », parce que « la vie d’un humain a autant de valeur que celle d’un animal. La vie d’un animal a autant de valeur que celle d’une plante. La vie d’une plante a autant de valeur que la montagne ou le lac ». Mieux, « les vers, les fourmis, les bactéries et les poissons sont plus importants que les êtres humains ». De ce fait, les productions culturelles des humains « n’ont aucune valeur pour la Terre quand on les compare à n’importe quelle espèce d’oiseau ».
Pour Watson, les humains se divisent en deux catégories, les biocentriques et « les pratiquants de la religion anthropocentrique », ses ennemis. Pour les convaincre, l’éco-guerrier, « disciple des réalités spirituelles naturelles », peut les tromper en respectant « le système anthropique » qu’il veut détruire.
Cet art de la dissimulation va jusqu’à la manipulation revendiquée des médias, la diffusion de fausses informations. Il faut croire que cela fonctionne si l’on considère les articles à la gloire du Capitaine Watson. On s’inquiète pourtant lorsqu’il écrit : « Dans le contexte de la nature, tous les animaux peuvent tuer leur petit, s’ils ne peuvent garantir la sécurité et la santé de leur progéniture ». On est un peu rassuré lorsqu’il considère que cela se limite pour la femme au droit à l’avortement. Par ailleurs, il est fier de veiller dans ses activités d’éco-guerrier à ne pas blesser ses soldats ou ses ennemis. On se demande tout de même comment il parviendra à une croissance négative de la population. Il ne devrait pas se précipiter pour lutter contre la famine considérant qu’il s’agit là d’une régulation naturelle. Il veut en effet bannir l’agriculture, l’industrie et la guerre et ramener l’humanité au stade des cueilleurs. Il a affirmé récemment qu’il souhaitait interdire la pêche « sauf à la main » et que son idéal serait de placer les humains dans des réserves restreintes, en groupes réduits de quelques milliers, pour laisser la nature aux autres espèces animales. L’avenir de l’homme est de redevenir animal et primate prouvant ainsi qu’il est vivant… Vaste programme.
Alain Le Sann