Résumé
Sous la pression d’associations (L214, 269LIFE, Bloom), d’une sensibilisation accrue de la société à la souffrance animale, d’une volonté de préserver l’environnement et d’une nécessaire diminution des émissions de gaz à effet de serre, le comportement des consommateurs vis-à-vis de la viande et du poisson a changé. La consommation de ces aliments est en diminution régulière depuis une vingtaine d’années, entrainant une réorientation de la production agroalimentaires et un changement radical du paysage agricole et de la pêche, dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences sociétales. Actuellement deux grandes tendances voient le jour :
• la fabrication de steaks végétaux, essentiellement à base de soja, en remplacement des protéines animales.
• la fabrication de viande et de poisson de synthèse, grâce aux progrès technologiques et à ceux de la biochimie moléculaire, portée par des multinationales aux capacités financières colossales.
Inscrit à l’interface des questions environnementales et du mondialisme envahissant des Big Tech, l’industrie agroalimentaire est tentée par l’aventure. Mais au-delà des prouesses technologiques, quelles en sont les conséquences ? c’est ce que nous développons tant sur le plan économique, éthique et sociétal (disparition à terme de l’agriculture et de la pêche ?), que sur celui des répercussions sur la santé humaine.
Texte intégral :
Conclusion
Nous sommes sans doute à la veille d’une révolution alimentaire et d’une remise en question des modes de production, que ce soit pour l’agriculture ou pour la pêche, dont nous ne mesurons pas encore les conséquences potentielles pour l’ensemble de nos sociétés. Nouveau paradigme inéluctable ? Digne du Dr Faust qui donne son âme en échange de pouvoirs colossaux ? Nous sommes interpelés en tant que consommateurs et citoyens par la montée d’un péril qui s’affiche sans complexe au motif que de toute façon, on ne peut pas s’opposer aux progrès scientifiques, avec l’argument d’un monde meilleurs à venir…qui nous renvoie au roman d’Aldous Huxley. Car, à qui profite cette orientation ? A un capitalisme ultralibéral avant tout intéressé par le profit et qui ne peut se développer que par la destruction des acquis accumulés par les générations passées et qui constituent le fondement même de notre culture.
Il ne s’agit pas de remettre en cause des découvertes et des progrès scientifiques incontestables. Ce n’est pas la science qui est en cause, mais son utilisation. Soyons vigilants et capables de prendre du recul et de réfléchir sur l’utilisation qui en est faite et la finalité éthique et sociétale qui en découle. Car nous sommes bien à l’interface de deux mouvements simultanés et antagonistes : l’environnementalisme punitif et le mondialisme des Big Tech, qui « par la gouvernance de quelques-uns, nous créent une dépendance aux réseaux sociaux, contrôlent nos vies, quadrillent nos usages dans une vision antidémocratique du monde qui nous est imposée et nous ramènent au rang de jouet des multinationales » ainsi que le décrit Asma Mhalla dans « Comment la technologie fait de nous des soldats ».
Enfin, d’une façon plus générale, cette problématique est d’abord l’apanage de pays riches et fortement industrialisés. L’avancée fulgurante de ces nouvelles technologies constitue un avantage comparatif certain : mais est-elle stabilisée ou en croissance ? Elle fait le pari d’une hausse des cours de la viande et du poisson liée à l’augmentation des contraintes sociétales et environnementales pour pouvoir s’imposer. D’une façon très prosaïque, qu’elle sera l’acceptabilité sociale de la viande ou du poisson en 3 D ? Mais surtout, comment la masse des 9 milliards d’habitants y aura-t-elle accès ? Et quelles seront les perspectives pour l’agriculture et la pêche de demain ? Que seront les « Pêcheurs du futur » qui n’auront pas forcément pour vocation de cultiver du tilapia nourri au quinoa et à la spiruline et transformé en finger, tel que le préconise la Commission Européenne pour la Méditerranée ?
Pour l’heure, il est difficile de répondre à ces questions. Mais cela ne dispense pas de réfléchir à des alternatives face à cette dérive alimentaire. Pour cela, nous citerons un exemple parmi d’autres : la démarche « Bleu-Blanc-Cœur® »
Elle promeut, au travers d’engagements forts de la part de tous les acteurs de la chaine alimentaire, une démarche qui crée du lien entre l’agriculteur, son environnement et les citoyens, à la recherche d’une alimentation plus saine, plus sûre et plus durable. Elle a pour vocation de recréer de la valeur dans les territoires au plus proche des producteurs et des consommateurs, pour assurer une autonomie alimentaire en proposant des produits accessibles à tous y compris aux plus démunis, et en offrant des débouchés aux agriculteurs, éleveurs et pêcheurs qui leur permettent de vivre dignement. Bâtie autour du concept « One Health », « une seule santé », elle garantit la prise en compte de la qualité du sol grâce à la biodiversité des cultures et à la suppression d’intrants toxiques, de la qualité des élevages (animaux en bonne santé et diminution des gaz à effet de serre), de la santé humaine confirmée par de nombreuses études cliniques. Elle est reconnue par l’ONU comme seule démarche agropastorale ayant un impact positif sur l’environnement et la planète.
Nous sommes ce que nous mangeons : A chacun de choisir !
Pour conclure, et de façon synthétique, quels sont les principaux arguments pour ou contre les viandes et poissons végétaux et de synthèse :
