Le 9 juin dernier, le CCFD, a cosigné une tribune, publiée par La Croix, intitulée « La destruction de l’océan doit cesser » : l’appel de collectifs chrétiens pour l’Unoc.
Ce texte a plongé la consternation parmi plusieurs d’entre nous au sein de la Mission de la mer, tant il est problématique sur le fond et sur la forme.
Après le temps de l’analyse, partagée en équipe collégiale, sous souhaitons partager nos interrogations et nos désaccords :
• Sur la forme, nous regrettons que la Mission de la mer n’ait pas été informée ni associée à la rédaction de ce texte, et sommes désireux, comme mouvement et service d’Église, adhérent du CCFD, de connaître les conditions de la rédaction de cette tribune (Qui en est le ou les auteurs ? Qui a sélectionné les signataires ?).
• Nous regrettons l’absence de la prise en compte de la parole des pêcheurs eux-mêmes, alors que beaucoup ont une attitude responsable vis à vis de la protection des océans, leur gagne-pain. Cette attitude de surplomb, de mouvements chrétiens qui savent mieux que le peuple de la mer, est bien éloignée de ce que le CCFD nous a appris à aimer de lui...
• Sur le fond, nous exprimons notre désaccord sur le diagnostic des causes de la dégradation des océans. La pollution et le réchauffement climatique (d’origines continentales) arrivent, selon nous, devant la pêche fût-elle "industrielle".
• Le terme même de pêche "industrielle", employé dans cette tribune, est d’autant plus problématique qu’il n’est pas défini dans la tribune. Quelle définition en donnent les signataires ? S’agit-il de la même définition que BLOOM et de l’UICN* (Union Internationale pour la conservation de la nature) ?
• Nous déplorons enfin que la notion de pêche durable ne soit pas même mentionnée, alors que c’est précisément cette pêche durable et responsable qui seule peut répondre aux enjeux d’une mer nourricière pour la sécurité alimentaire de l’humanité. Si nous donnons la priorité à la pêche artisanale, nous reconnaissons que certaines pêcheries du grand large peuvent parfaitement être durables tout en étant pratiquées par des navires plus importants que ceux opérés dans les zones côtières. Pour la Mission de la mer, c’est la pêche illégale et la surpêche qu’il faut condamner avec fermeté, pas la pêche durable. De nombreux pêcheurs s’y engagent. Ils doivent être encouragés, pas diabolisés.
La Mission de la mer, appelle les signataires au dialogue avec les pêcheurs, peuple de la mer qui mérite notre respect et notre attention.
Par sa connaissance de terrain, notre mouvement et service d’Église peut faciliter ce dialogue.
Elle souhaite tout particulièrement un dialogue avec le CCFD sur ce sujet.
* Cette question de la définition de la pêche industrielle est cruciale, car l’expression « la pêche industrielle » employée dans cette tribune, renvoie par hyperlien à un article de La Croix du 24/01/2024, qui traite d’une étude de l’association BLOOM. Or, cette association et l’UICN définissent comme « industriels » tous les navires de plus de 12m et/ou utilisant des engins de pêche dits « traînants ». En France un nombre élevé de navires de pêche, exploités par des pêcheurs artisans (c’est à dire propriétaires exploitants de leur navires) entrent dans cette catégorie, y compris des navires de moins de 12m, armés au chalut ou à la drague...
Source : La Croix, le 9/06/2025
https://www.la-croix.com/a-vif/la-destruction-de-l-ocean-doit-cesser-lappel-de-collectifs-chretiens-pour-lunoc-20250609