La crise du carburant et après ?

, par  Collectif Pêche et Développement

Le vendredi 11 mars, dans certains ports, le litre de carburant a dépassé 1,30 € et la hausse des prix ne semble pas terminée. Avec de tels prix, tous les bateaux sont touchés à des niveaux divers selon leurs engins, souvent au point de ne pouvoir dégager de revenus suffisants.
La revendication d’un prix maximum pour le litre de gasoil est donc justifiée notamment parce que les pêcheurs qui vendent en criée ne peuvent répercuter les hausses. La demande des lobbies environnementalistes qui poussent l’OMC et les autorités européennes à supprimer la détaxe apparaît comme contre-productive car elle amènerait à l’arrêt de la pêche sans permettre de préparer la décarbonation nécessaire et urgente. Cependant les alternatives aux énergies fossiles en sont encore au stade expérimental et les changements d’énergie nécessiteront des investissements importants. On ne peut arrêter la majorité des débarquements sans mettre en cause la sécurité et la souveraineté alimentaires.
Par contre les revendications qui visent l’exonération des taxes de criée, des frais de déchargement, des charges sociales salariales, des cotisations professionnelles obligatoires (versées aux comités des pêches) et demandent un plan de sortie de flotte, sont dangereuses car mettent en cause des structures professionnelles indispensables, l’avenir du système de protection sociale des marins et aggravent la crise de confiance dans l’avenir.
Cet avenir passe par des énergies décarbonées. Comme tout le monde, les pêcheurs sont confrontés à l’obligation d’abandonner à moyen terme les énergies fossiles. Ils doivent aussi prendre leur part dans le développement des énergies renouvelables marines mais pas à n’importe quelle condition. Il faut que ces énergies marines renouvelables (éoliennes, hydroliennes, houlomotrices, peut-être voiles d’appoint) se développent dans le cadre d’une concertation approfondie avec eux. Il faut qu’ils en soient aussi les bénéficiaires et que ce ne soit pas l’occasion d’une mainmise de multinationales sur les mers, sans liens avec les sociétés et territoires maritimes et d’abord intéressées par les profits garantis. Les pistes de recherches en cours associant les installations off-shore avec le production d’hydrogène peuvent constituer une piste à explorer car les pêcheurs pourraient être les premiers à en bénéficier. Des brevets sont déjà déposés.
Cette crise peut être aussi l’occasion de favoriser des pratiques de pêche moins gourmandes, d’aider à des reconversions vers d’autres engins, quand elles sont possibles et en veillant à maintenir une diversité. Les pêcheurs sont conscients de ces évolutions et sont capables de s’adapter si on leur garantit un avenir fondé sur une halio-écologie. Il faut d’abord rétablir cette confiance pour permettre les adaptations indispensables et encourager des jeunes à croire en l’avenir de la pêche.

Le 14 mars 2022

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