Journée Mondiale des Océans à Locmiquélic (Morbihan, France) Merveilleuse synthèse

, par  CHEVER, René Pierre

L’assemblée générale de L’Organisation des Nations Unies (ONU) réunie le 5 décembre 2008 à la suite d’une longue résolution sur le droit de la mer décida "qu’à compter de 2009, l’Organisation des Nations Unies proclamera le 8 juin Journée mondiale de l’océan". En même temps qu’Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU donnait donc son message annuel sur les Océans en 2022 et 2023, Pêche et Développement avec ses alliés , remettait le prix "Maestro des savoirs vivants" à des personnes au cœur de la vie maritime, respectueuses du vivant et capables de gagner leur vie avec l’Océan.
Voir : https://peche-dev.org/spip.php?article474

La première année a honoré Ronan Le Corre, pêcheur de tellines [1] engagé de la Baie d’Audierne et de Douarnenez. Il cherche à comprendre depuis 2008 ce qui a pu conduire au quasi effondrement de son métier, pourtant extrêmement sobre en dépense énergétique, puisque seule la force humaine tracte la drague, pendant un temps limité de la journée et de l’année. Lui, sa femme et ses collègues ont dû devenir des sapiteurs en biologie, tout en étant des experts en pêche maritime et en résilience entrepreneuriale, car après un tel collapse de stock, encore fallait-il survivre soi-même pour recevoir un prix sur les "savoirs vivants". L’enquête obstinée des tellineurs continue, appuyée désormais par des scientifiques qui acceptent de parler ou d’autres qui mènent des travaux de haut vol à la Sorbonne.
Les membres du jury, composé de représentants de Pêche & Développement et de Plancton & Innovations sont unanimement tombés d’accord pour mettre en valeur une personne très différente cette année. Elle est au cœur d’un espace marin exceptionnel et fragile, qu’il faut apprendre dans toutes ses dimensions : biologique et humaine, écologique et économique. Elle doit protéger ce milieu et les espèces qu’il abrite, tout en contribuant au développement durable des activités maritimes, dont la pêche et les pêcheurs côtiers. Rude gageure dans une période où ont tendance à s’affronter les partisans de la conservation intégrale et ceux qui prônent l’harmonie entre l’homme et la nature. Pierrot Mollo dans le rôle de Monsieur Loyal a introduit le gagnant 2023 du prix "Maestro des savoirs vivants". En l’occurrence une maestra : Claire Laspougeas, qui, a sa grande surprise d’être lauréate, dut se propulser sur l’estrade pour recevoir du gagnant de l’année précédente, une magnifique poterie

représentant un coccolithe [2] en terre cuite de belle taille car l’original fait quelques microns.

Claire Laspougeas recevant le prix "Maestro des savoirs vivants" 2023 à Locmiquélic
Passé un moment de légitime saisissement, Claire présenta ses activités depuis 14 ans dans le Parc National Marin d’Iroise (PNMI) en projetant un power point commenté par elle et Virginie Lagarde chargée de mission au Comité départemental des pêches Maritimes et des Élevages Marins du Finistère (CDPMEM29). Elles ont développé en particulier la charte du pêcheur partenaire mise en place par le PNMI et le CDPMEM pour accompagner les pêcheurs signataires dans une démarche durable et respectueuse de l’exercice de leur profession.

Voir ci joint le diaporama présenté, en Français  :

En mettant du lien entre ces personnes concernées par ces prix 2022 et 2023 des savoirs vivants et leur entourage on assiste en pratique à une merveilleuse synthèse entre ceux qui doivent défendre la Nature et ceux qui doivent vivre avec la Nature. Ne faudrait-il pas s’en inspirer pour gérer l’ensemble des 12 milles bretons, voire plus ?

René-Pierre Chever
Membre de Pêche & Développement
Le 9 mai 2023 Loctudy

[1Telline : 600 tonnes de tellines Donax trunculus étaient pêchées chaque année dans le Finistère entre 2007 et 2009, principalement en Baie d’Audierne et en Baie de Douarnenez, mais seulement 70 tonnes en 2017 en raison de l’importante mortalité qui a frappé les gisements et qui reste inexpliquée (pollution ?). Cette pêche, qui se fait à pied en traînant à reculons une d’environ 40 kg, est pour l’essentiel exportée vers l’Espagne et l’Italie, car les tellines sont peu consommées localement

[2Les coccolithes sont les plaques de carbonate de calcium de un à une dizaine de micron de diamètre en forme de pépin qui protègent les coccolithophoridés (diverses espèces de microalgues du phytoplancton pélagique)

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