Un sombre tableau

49 jours depuis le début de la crue des eaux du lac Tanganyika, la situation ne cesse de pourrir, la montée des eaux du lac Tanganyika n’épargne rien, elle détruit tout sur son passage : le quartier KAMKOLOBONDO, l’un des grands quartiers des pêcheurs de Kalemie est presque totalement dans l’eau, des centaines de maisons englouties, les deux avenues principales de Kalemie sont totalement coupées, les arbres ornementaux plantés sur le littoral du lac Tanganyika à la plage de Kahinda par le Gouverneur de la Province ont disparu. La végétation naturelle et nutritive pour les poissons et autres animaux aquatiques est, soit déracinée, soit emportée par les eaux du Lac ou de la rivière Lukuga. Les habitants de la ville ne savent plus circuler librement entre les deux rives de la Ville, les sites des pêcheurs, pour la plupart, sont avalés par les eaux etc... Voilà le tableau sombre que présente la Ville de Kalemie et toute la Province du Tanganyika de Kabalo à Manono, à Ankoro, à Kongolo, à Moba, à Muliro, à Uvira, à Mpala, à Baraka. Dans les pays voisins qui partagent en commun les eaux du lac Tanganyika la situation reste identique.

Pour la population de Kalemie c’est le « sauve qui peut », chaque famille sinistrée, qu’il s’agisse de pêcheurs ou d’autres, se démène seule à sa manière pour tirer son épingle.

Les inondations vont durer et s’aggraver

Les jours qui viennent nous en diront plus car ils seront très difficiles. Etant donné que selon une dépêche de météorologues congolais, les fortes pluies vont reprendre ces mois d’avril et mai 2024. Ces pluies entraineront des inondations encore plus importantes, des glissements de terrain qui peuvent causer des dommages matériels importants et mettre en danger la vie des habitants. Il est donc impérieux que la population se prépare à affronter les moments difficiles dans un futur proche.

Comme nous l’avons souligné dans notre article précèdent, le Slow Food avec ses partenaires traditionnels, à savoir le COPETANG et l’académie Paysanne des pêches sont déjà à pied d’œuvre pour encadrer les pêcheurs afin de les préparer à faire face à cette pénurie de poissons dans les jours à venir.

Pour les consommateurs il y aura des problèmes alimentaires dus à la hausse de prix des poissons et à la qualité qui sera mise sur le marché.

Chez les pêcheurs cette baisse de la capture va engendrer une perturbation sur le plan socio-économique.

Dans le Tanganyika, la pêche contribue grandement à l’économie de la Province, mais fort malheureusement ce secteur peine à s’organiser et reste anarchique. Pourtant une fois bien structuré, ce secteur peut constituer une véritable source de recettes pour l’assiette fiscale de la province. Le slow Food et ses partenaires craignent que la situation ne s’aggrave avec ces inondations.

La prophétie de l’expert Bernard SINDAYIHEBURA s’accomplit petit à petit et avec certitude.

Une catastrophe régionale

Les dégâts sont immenses et parfois incommensurables, tous les secteurs de la vie sont touchés même ceux-là qui étaient jusque-là épargnés.

De Uvira à Moba en passant par Kalemie ce sont des routes d’importance Provinciale et nationales coupées, des centaines des maisons englouties dans les eaux, des villages entiers des pêcheurs disparus, des ports submergés par la montée des eaux du lac, la baisse de la capture des poissons, les champs des paysans agriculteurs dévastés et inondés : bref le désastre est grand.

La situation est générale à travers la république démocratique du Congo et même la sous-région des grands lacs.

Les informations reçues de nos correspondants de MOBA, MANONO le long du fleuve Congo, de Bukavu, Goma, BAGATA, MBANDAKA, et ceux-qui sont en dehors du pays convergent toutes vers cette calamité naturelle devant laquelle les pêcheurs restent impuissants.

Que faire ?

APPEL à nos Dirigeants Provinciaux et Nationaux

– Devant l’ampleur de la catastrophe, le Slow Food et ses partenaires proposent que le curage de la rivière Lukuga devienne la priorité des priorités pour le gouvernement provincial et pour le gouvernement national.

Ces travaux de curage vont dégager le lit de la rivière des nombreux déchets jetés par les riverains et de tonnes de boue et de sédiments drainés par la pluie suite aux constructions anarchiques surplombant la ville de Kalemie et la rivière Lukuga. Cette opération permettra au Lac de déverser le surplus d’eau vers le fleuve et peut-être selon nous aider à régler la crise de la montée des eaux du lac dans une certaine mesure. Les paysans pêcheurs seront les principaux bénéficiaires, car ils seront en mesure de rependre la pêche.

– Le slow Food et ses partenaires encouragent les autorités tant au niveau provincial que National d’initier le plus rapidement le projet de reconstruction de la digue sur la rivière Lukuga, qui servait d’amortisseur à la pression des eaux du lac sinon les déboires pour la ville de Kalemie sont là pour longtemps et le grand perdant est le pêcheur du lac Tanganyika. l faut aussi promouvoir en même temps l’enseignement sur les bienfaits de l’économie de la pêche, une bonne source de revenus tant pour le pêcheur que pour le gouvernement.

KAPALAY KABEMBA Jean-Pierre