Nous devons ensemble faire face à des déferlantes d’interdictions, de contraintes et d’incertitudes.
Nous avons à résister au mépris d’ONG puissantes, de véritables machines de guerre soutenues par la quasi-totalité de la presse et des médias, y compris Ouest France qui, hier, a donné la parole à Bloom dans une vidéo, sans prendre en compte les conséquences économiques et sociales de sa demande d’interdiction du chalut. Ne nous faisons pas d’illusion, les AMP ne sont pas les seules concernées. Bloom et la coalition européenne des ONG demandent l’interdiction des chaluts et des dragues partout. Elles demandent aussi la fin de la détaxe carburant alors qu’il n’y a pour l’instant aucune alternative. Ce sont donc les piliers de la pêche artisanale bretonne, langoustines au Sud, coquilles au Nord, qui sont menacés de disparition.
Mais les filets sont aussi condamnés parce qu’il faut sauver les dauphins et bientôt les palangres pour sauver les oiseaux.
La protection des océans nous y travaillons avec les scientifiques, les ressources s’améliorent, mais ces ONG nous accusent d’être les pires destructeurs des océans. Ces puissants qui, comme Bloom, ont la prétention de « façonner le monde », mentent en répétant des âneries comme « 90 % des espèces marines ont disparu ». D’autres comme Sea Shepherd revendiquent le droit de manipuler l’opinion pour arriver à leur fin, la fin de la pêche.
Oui, l’océan est malade, le plancton va mal, la taille des poissons comme les sardines, diminue. Les coquillages des pêcheurs et ostréiculteurs deviennent de plus en plus souvent toxiques. Les marées rouges, vertes, brunes se multiplient. Tout cela, c’est d’abord à cause des changements climatiques, de la pollution, de la pression humaine sur les littoraux.
Mais ces ONG, Bloom et sa coalition de 50 ONG oublient tout cela. Elles nient nos savoirs, notre passion pour la mer. Elles bafouent notre identité et la mémoire des milliers de pêcheurs qui ont travaillé pendant des siècles pour nourrir les gens et souvent en sont morts. Elles ne reconnaissent pas nos droits, elles acceptent seulement ceux qu’elles choisissent comme de bons pêcheurs avec leur ligne et leur ciré jaune. Ils sont très bien, et on doit les défendre, mais ils ne peuvent à eux seuls faire vivre nos ports. Et il restera des usines comme Cité Marine qui travaille 70 000 t de poisson ayant fait 2 fois le tour de la planète en passant par les usines-bagnes chinoises. Il restera aussi dans nos supermarchés les daurades d’élevage de Grèce, mais tout sera bien, il n’y aura plus de chalut en Grèce.
Cette semaine s’est tenue en effet en Grèce une conférence internationale « Notre Océan ». Mais ce n’est pas le nôtre, c’est celui des multinationales, des fondations et des ONG qui s’y réunissent pour organiser la colonisation les océans pour les vendre aux touristes, négocier des crédits carbone ou biodiversité, faire de l’aquaculture, etc. C’est pour cela qu’ils veulent les protéger et pas pour la nourriture qu’ils procurent. En juin 2025 à Nice, tous ces puissants vont valider à l’ONU leurs propositions.
Alors quand le bateau roule et tangue face aux déferlantes, il faut se serrer les coudes, oublier pour un temps les divergences normales. Il faut aussi demander aux scientifiques, aux élus, aux habitants de nos ports et même aux associations environnementales locales de nous soutenir. Nous travaillons ensemble dans les parcs marins comme en Iroise et il y a des résultats. Ainsi nous pouvons construire ensemble un avenir pour nous pêcheurs et pour nos ports.
Nous savons que nous devons nous adapter pour faire face aux nouvelles réalités, nous l’avons toujours fait mais on ne peut le faire si on nous méprise et nous étrangle.
Nicolas Coguen
19 avril 2024