Objections
Les objections à cette initiative peuvent s’articuler autour de 5 points
1- l’application de cette disposition fixée sur le court terme, 7 ans, ne tient pas compte d’adaptations nécessaires et de rééquilibrages pour compenser les pertes d’espaces.
2- la notion d’AMP recouvre un large spectre de périmètres différents ; en France 17 identifications de catégories d’AMP coexistent ; des Zones Natura 2000 au Parc Naturel Marin, en passant par les réserves naturelles, les zones de protection des biotopes etc....
3- La surface couverte par les AMP est très importante. En Bretagne, les AMP couvrent près de 50% des 12 Milles et 75% des navires bretons travaillent dans ces 12 Milles.
4- Les dispositions de gestion de l’espace dans les AMP en France ont été mis en place avec la participation active des pêcheurs, ils ont même été moteur pour certaines d’entre elles.
Ce Plan d’action apparaît donc contreproductif car il brise l’élan de ceux qui se sont engagés et investis dans le développement durable, que ce soient les organisations de producteurs ou les professionnels. Comment les engager à poursuivre les analyses « risques-pêche » dans de telles conditions ?
5- Les conséquences sont négatives socialement et économiquement et vont à l’encontre des objectifs de développement durable émis par les Nations Unies (dont l’objectif 14).
Le mépris et de sombres perspectives pour les pêcheurs
Ces mesures futures contrecarrent les démarches entreprises pour prendre en compte les dimensions socio-économiques des mesures environnementales et de la régionalisation de la gestion des espaces marins car l’effet domino du report de l’activité des zones interdites vers les secteurs déjà occupés, réglementés et gérés posera évidemment des problèmes.
Si on met bout à bout : Ecosystèmes Marins Vulnérables + Plan d’Action + Plans d’Action Individuel + Brexit + Energies Marines Renouvelables + Zones d’extraction des granulats + Les futures interdiction 2030 dans les AMP, quelle priorité subsiste pour les activités de pêche professionnelle ?
Quelles perspectives donner à ceux qui veulent encore s’investir dans le secteur ?
Comment bâtir un bilan prévisionnel quand on ne maîtrise pas les ressources disponibles ?
Au plan plus large : qu’en est -il de la souveraineté alimentaire ? E.,t comme cela a déjà été souligné, ne laisse-t-on pas la place libre aux activités des navires hors UE ?
Toute mesure uniforme, globalisée sans discernement, est contraire à une bonne gouvernance.
En conclusion, cette approche écosystémique de conservation du milieu est au cœur des préoccupations de la DG Mare et la Commission, et la principale activité visée est la pêche. Or de nombreux scientifiques estime que la menace sur les écosystèmes marins relève principalement
1°) des changements climatiques
2°) de l’impact des pollutions telluriques…. Le secteur de la pêche arrive loin derrière.
Alors, quelles solutions ?
Elles résident dans la spatialisation des modèles de gestion sur des bases scientifique, sociales et économiques partagées et comprises.
L’exemple du Parc National Marin de la Mer d’Iroise de 3.500 km2 avec des objectifs de gestion, un tableau de bord, des descripteurs et des métriques pour mesurer les résultats peut servir d’exemple.
En 16 ans, y a-t-il eu dégradations des écosystèmes ?
On pourrait aussi s’inspirer de l’Aire Marine Gérée du gouvernement de la Polynésie française : 5 millions de Km2 ; la plus grande du monde.
Au lieu de brider l’espoir des territoires maritimes, l’Union Européenne serait mieux avisée d’engager impérativement la société à relever les défis de la prévention des pollutions telluriques, de la réduction des obstacles à la montaison des poissons, de la préservation des zones humides littorales etc...
Et d’appuyer et aider financièrement les professionnels de la pêche vers la diminution de l’impact des engins sur le fond, l’encouragement à travailler sur des engins plus sélectifs, sur les moyens de détection et de sélection discriminante en fonction des espèces, des tailles, du marché (les sonars omnidirectionnel 3D produisent des effets notoires sur ce point) ; elle devrait favoriser les réflexions autour des panneaux divergents intelligents, sur l’introduction de l’IA, sur la motorisation, la décarbonation, les carburants de transition, les moyens d’évitement , d’échappement , de minimisation des risques de blessures des espèces protégées etc… D’autres voies et moyens existent, les pêcheurs et leurs structures ne demandent qu’à s’y engager.
Gérald Hussenot, 30 mars 2023.